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La quête de la Vérité

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1La quête de la Vérité  Empty La quête de la Vérité Jeu 12 Mar - 1:54

Sadella

Sadella

La loi spinoziste


Il suffit de ne pas comprendre pour moraliser : il est clair qu’une loi que l’on ne comprend pas ne peut nous apparaître que comme une obligation ou une interdiction morale (« Il faut » ou « On ne doit pas »).

Ainsi, « Ne mange pas d’ergot de seigle » n’est à la base qu’une loi naturelle, car le rapport de l’ergot de seigle sur l’homme est décomposant, rend fou celui qui s’en nourrit. Mais celui qui ne sait pas cela comprend uniquement l’interdiction de l’objet, et en fait une loi morale : « On ne doit pas manger l’ergot de seigle », et peut importe pourquoi …

Conséquemment, la loi morale a tellement compromis la loi de Nature que le penseur s’abstiendra à l’avenir de confondre les deux, en ne parlant plus que de vérités éternelles. Il est aisé de séparer les deux domaines, celui des vérités éternelles de Nature et celui des lois d’institution, ne serait-ce que par leurs effets.

La loi morale est un devoir : elle n’a pas d’autre effet, pas d’autre finalité que l’obéissance. Il se peut que cette obéissance soit indispensable, il se peut que les commandements soient bien fondés. Ce n’est pas la question.

La loi, morale ou sociale, ne nous apporte aucune connaissance, elle ne fait rien connaître.
Au pire, elle empêche la formation de la connaissance (la loi du tyran).
Au mieux, elle prépare la connaissance et la rend possible (loi d’Aristote et de Christos).
Entre ces deux extrêmes, elle supplée à la connaissance chez ceux qui n’en sont pas capables.

Mais de toute manière, ne cesse de se manifester une différence de nature entre connaissance et morale, entre le rapport commandement-obéissance et le rapport connu-connaissance.

Le drame de la théologie aristotélicienne, sa nocivité, viennent de la confusion pratique qu’elle nous inspire entre ces deux ordres différant en nature : l’histoire d’une longue erreur où l’on confond le commandement avec quelque chose à comprendre, l’obéissance avec la connaissance elle-même, la transcendance subjective avec l’immanence absolue.

La loi morale, c’est toujours l’instance transcendante qui détermine l’opposition des valeurs Bien/Mal, tandis que la connaissance, la loi spinoziste, la vérité éternelle, c’est toujours la puissance immanente qui détermine la différence qualitative du bon et du mauvais.

La vérité éternelle spinoziste écrira : « Il est dangereux pour la plupart des humains de se nourrir d’ergot de seigle ».rgot"



Dernière édition par Sadella le Jeu 12 Mar - 2:41, édité 1 fois

Sadella

Sadella

Le Rêve

Le rêve est une expérience décisive soulignant l'illusion de la perte d'unité de la conscience et du corps.

Il dépend la plupart du temps de l'expérience et de la mémoire individuelle de la Substance du mode pensant, et s'exprime par l'imagination prospective de l'esprit lorsque celui-ci se croit coupé du corps, et ne se pense donc plus, par les sens, en contact avec l'extérieur. Le songe est conséquemment la rencontre, souvent conflictuelle, entre la pression interne des passions du rêvant et la pression externe des affects sociaux emmagasinés par l'expérience.

Il n'est pas, ne peut être, prémonition ou illumination, car il n'est que construction personnelle, imaginaire. Mais il n'est pas libre, non plus, car il dépend de ce qui a été vécu : l'état de sommeil est autant soumis aux affects que l'état de veille, car il met en lumière la connaissance accumulée du rêvant lors de ses veilles.
L'important, au réveil, et de savoir que l'imagination se prend pour une cause, dans le processus du rêve, alors qu'elle n'est qu'une conséquence inconsciente de l'état de veille.


En conclusion, le rêve est un élément d'étude très appréciable, car il révèle à celui qui le subit les affects auxquels il est en proie, qui peuvent aussi bien être positifs que négatifs, et lui permet de mieux cerner ses désirs et ses passions. Mais il est aussi un danger, quand le rêveur pense que le songe est sans entrave : alors, à l'état de veille, le mode pensant peut croire qu'il doit se conformer au rêve, à cette illusion de libre-arbitre, et se crée une nouvelle chaîne dans sa recherche de la Liberté.

En sus, il faut relever le cas exceptionnel des rêves de ceux qui ont réalisé en grande partie leur conatus, par un long travail et un entrainement constant, que ce soit à l'état de veille ou de sommeil.
Il se peut alors, mais nous souhaitons rester prudents sur le sujet, qu'il y ait en ce cas des rêves produits non seulement par les nécessités intrinsèques du sujet, mais également par la perfection divine dont il est partie prenante, et donc participant de la Substance immanente, éternelle et infinie.
Nous arrêtons là, car nous avons rien de plus à dire à ce sujet que ce qui pourra être entendu par ceux qui le pensent déjà.



Dernière édition par Sadella le Jeu 12 Mar - 2:47, édité 1 fois

Sadella

Sadella

Rire et satire. Modes d'existence. Le puissant et l'esclave.


Parlons-nous ici de statut social ? Que nenni ! Nous nous intéressons plutôt à la façon de vivre, au mode d'existence. Nous nous intéressons, en fait, comme souvent, plus au moyen qu'au but ...

Mais que sont ces deux styles de vie, ces deux modes d'existence, donc, s'ils ne sont pas liés au statut social de l'individu ? Comment peut-on posséder le pouvoir et pourtant vivre comme un esclave ?

L'impuissant, selon nous, l'esclave, c'est celui qui a besoin de tristesse, en lui et autour de lui. L'impuissant, c'est celui qui avilie, qui introduit le remord, la mauvaise conscience, dans le coeur de ses contemporains. Le tyran en a besoin pour asseoir son pouvoir politique, le prêtre pour endoctriner par la menace les esprits faibles.
Car juger la vie selon un code moral, c'est l'attrister.

Rappeler aux autres à quel point ils sont misérables, user de la carotte et du bâton pour les rendre malléables et ignorants, tel est le mode d'existence de l'esclave, incapable de vivre par lui-même : esclave de ses esclaves.

Le rire de ces gens est méprisant, mesquin, ignominieux : ils se gaussent, se moquent de la nature humaine. Ils sont dans l'incapacité de voir ce qui est grand dans l'humain, trop heureux de se repaître de ses défauts, imaginant une perfection inatteignable. Ils cultivent la satire pour humilier sans cesse.

Le puissant, lui, peut bien être roi ou paysan : il rit de la grandeur des autres.
Il dit : "Tu as pu faire ça ?! Je ne l'aurais jamais cru ... Quand même, il fallait le faire, bravo !! Continue, pousse plus loin, montre-moi de quoi tu es capable : fais-moi encore rire de tes talents !"

Car le rire éthique est celui qui encense, qui admire la Vie, la Nature, et les humains. Le rire éthique ne se gausse pas, car celui qui pousse son conatus perd peu à peu ses défauts, s'ennoblit à chaque seconde.

Le tyran, le prêtre et l'esclave sont unis par la peur, le remord et l'espoir.
Les puissants sont liés par la Vie, l'amitié et l'action.

La satire fait l'esclave.
Le rire fait le puissant.

Sadella

Sadella

De ce qui est.


Du point de vue de notre éthique, tout ce qui existe est rapporté à une échelle quantitative qui est celle de la puissance. Les choses qui existent ont donc plus ou moins de puissance.

La morale se base sur l'essence des choses, sur ce qu'elles sont en elles-mêmes : pour Aristote, l'homme est un animal raisonnable. Cela permet la classification massive, mais donc erronée, de ce qui est, réellement ou potentiellement.

L'éthique ne croit pas aux essences absolues, elle ne nous parle que de la puissance, à savoir les actions et passions dont quelque chose est capable. Non pas ce que la chose est en soi, mais ce qu'elle est capable de supporter (passions passives) et capable de faire (actions volontaires). Et s'il n'y a pas d'essence générale, c'est que, à ce niveau de la puissance tout est singulier.

L'éthique ne nous dit rien sur l'essence des choses, elle s'efforce seulement de distinguer la quantité de puissance en jeu : un poisson ne peut pas ce que le poisson voisin peut. Il y aura donc une différenciation infinie de la quantité de puissance d'après les existants.

Sadella

Sadella

Pouvoir et puissance.


Difficile d’expliquer aux esclaves la différence entre pouvoir et puissance d’un point de vue spinoziste …

Pour l’esclave, dire que ce que veulent les choses, c’est la puissance, signifie que chaque mode veut le pouvoir.

Or ça n’a rien à voir !

Le pouvoir est affaire de volonté, sans connotation de bon ou de mauvais : l’ambition peut être bonne ou non, cela ne s’implique pas d’emblée dans sa définition … Alors que la puissance, pour nous, est forcément bonne !

La puissance est cette part de Dieu en nous, cette étincelle de bon que nous devons maintenir, faire évoluer, développer en un brasier vivace. Elle est le feu variable dans son intensité, mais toujours présent, car sans puissance, sans conatus, il n’est rien !

La puissance n’est pas un pouvoir fini, un but. La puissance n’est pas ce qui est, ni ce qui sera.

La puissance est ce qui est en train de devenir, l’instant exceptionnel entre deux états illusoires. Car la puissance est toute en fluctuation, en variation.

Ce que veut le mode, c’est la puissance, c’est la variation, c’est l’évolution.

C’est la Vie !

Sadella

Sadella

De l'écoulement du temps


Il faut comprendre ceci : La distinction que nous faisons entre cause et effet est une illusion.

Il n'y a ni commencement ni fin c'est ce que l'on appellera une boucle de causalité, c'est ce que l'on entend par une "description logiquement cohérente".

C'est la logique qui domine la physique, et non le mythe de la cause et de l'effet.

L'ordre que nous imposons aux événements est régi par notre point de vue.

Un point de vue bizarre, à mon sens. Les lois de la physique ne saurait en dépendre.

Telle est, et telle doit être notre nouvelle conception du temps.

Un ensemble d'événements en complète corrélation, liés de manière cohérente.

Nous pensons que nous suivons le cours du Temps, mais ce n'est qu'une idée reçue.

Certains pense que les choses se produisent maintenant, pas dans le passé ou l'avenir.

Maintenant, c'est "quand"? Lorsqu'ils disent que maintenant c'est "cet instant", ils tournent en rond.

Chaque instant est "maintenant" lorsqu'il se "produit".

La question est donc de savoir comment l'on peut mesure la vitesse de déplacement d'un instant à l'autre.

Les réponse est que l'on ne peut pas.

Quelle est la vitesse du passage du Temps?

Sadella

Sadella

LE BIEN ET LE MAL


Le bien et le mal n'a pas le même sens chez les spinozistes que pour les aristotéliciens.

En fait, pour les spinozistes cette notion est toute relative alors qu'elle est un absolu (un absolu transcendant) chez les aristotéliciens. C'est pourquoi, le spinozisme préfère parler de bon et de mauvais ! Il y a des choses et des actions qui sont bonnes pour moi, pour un groupe, pour la société et d'autres qui sont mauvaises...

En quoi peut-on dire qu'une action ou une chose est bonne ?

Elle est bonne à partir du moment où elle m'apporte de la joie et du contentement et qu'elle accroît ma capacité d'existence ! On dit que le bon est ce qui compose avec nous, un groupe ou une société, alors que le mauvais est tout ce qui décompose un individu, un groupe et la société...

C'est très important parce que ça nous différencie grandement des autres. Les aristos n'ont en fait aucune réflexion à faire parce que de toute façon ce qui est bien est toujours bien et ce qui est mal l'est toujours aussi. Il suffit donc de suivre... voire d'obéir à des règles et des principes et tout le monde ira au paradis solaire !

Ce n'est pas le cas pour le spinoziste conscient qu'il est (bah ! ouais vous avez tous passé votre primo texto) que nous sommes pris dans un tissu de causes et d'effets et que cette causalité qui peut être bonne pour un être vivant ou autres peut aussi bien être très mauvaise pour moi ou pour un autre être vivant...

A l'opposition des valeurs Bien et Mal se substitue la différence qualitative des types d'existence Bon et Mauvais :

>>> Bon - ou libre ou sage ou fort - est ce qui s'efforce d'organiser les rencontres, de s'unir avec ce qui convient à sa nature, de composer son rapport avec ce qui est combinable à lui et par là d'augmenter sa puissance. L'homme bon est donc celui qui cherche ce qui est bon pour lui et il le fera d'autant mieux qu'il s'efforce de connaitre.

>>> Mauvais - ou esclave ou ignorant ou faible - ce qui vit au hasard des rencontres, se contente d'en subir les effets, quitte à gémir et à accuser chaque fois que l'effet subi se montre contraire et lui révèle sa propre impuissance. Or, à force de rencontrer n'importe quoi sous n'importe quel rapport croyant qu'on s'en tirera toujours avec beaucoup de violence ou un peu de ruse, l'humain peut à peu risque de se détruire lui-même par ignorance ou par culpabilité et de détruire les autres à force de ressentiment, propageant partout sa propre impuissance et son propre esclavage, sa maladie, ses poisons. Il en vient à ne plus pouvoir se rencontrer lui-même et certains finissent même par se suicider.

Moraliser ou juger les actes selon les principes du bien et du mal consiste à ne pas vouloir ou pouvoir comprendre l'ordre des causes. Contre la Morale aristo du bien et du mal fondé sur des principes préétablis, le spinoziste suit une Éthique du bon et du mauvais cherchant à connaitre les causes.

Alors... hein ? Il ne s'agit pas de rejeter le bien et le mal, ce qu'un aristo définira comme bien peut tout aussi être bon que mauvais ! Donc... faisons attention à ne pas faire la même erreur que les aristos en réinterprétant le bon et le mauvais comme étant un absolu !

Sadella

Sadella

De la courtisanerie


Quand je pense à ces gens qui flattent le tyran pour exploiter sa tyrannie et la servitude de ses sujets, je suis presque aussi souvent ébahi de leur mauvaiseté qu’apitoyé de leur sottise.

Le laboureur et l'artisan, pour tant asservis qu'ils soient, en sont quittes en obéissant; mais le tyran voit ceux qui l'entourent, coquinant et mendiant sa faveur.

Il ne faut pas seulement qu'ils fassent ce qu'il ordonne, mais aussi qu'ils pensent ce qu'il veut, et souvent même, pour le satisfaire, qu'ils préviennent aussi ses propres désirs.

Ce n'est pas tout de lui obéir, il faut lui complaire, il faut qu'ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires et puisqu'ils ne se plaisent que de son plaisir, qu'ils sacrifient leur goût au sien, forcent leur tempérament et le dépouillant de leur naturel.

Est-ce là vivre heureusement? Est-ce même vivre? Quelle condition est plus misérable que celle de vivre ainsi n'ayant rien à soi et tenant d'un autre son aise, sa liberté, son corps et sa vie!

Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.

Toujours en est-il certains qui, plus fiers et mieux inspirés que les autres, sentent le poids du joug et ne peuvent s'empêcher de le secouer; qui ne se soumettent jamais à la sujétion.

Ceux-là ayant l'entendement net et l'esprit clairvoyant, ne se contentent pas, comme les ignorants encroûtés, de voir ce qui est à leurs pieds, sans regarder ni derrière, ni devant; ils rappellent au contraire les choses passées pour juger plus sainement le présent et prévoir l'avenir.

Ce sont ceux qui ayant d'eux-mêmes l'esprit droit, l'ont encore rectifié par l'étude et le savoir.

Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et bannie de ce monde, l'y ramèneraient; car la sentant vivement, l'ayant savourée et conservant son germe en leur esprit, la servitude ne pourrait jamais les séduire, pour si bien qu'on l'accoutrât.

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